VERS INÉDITS D’HENRI IV

 

VERS INÉDITS D’HENRI IV

Palsambleu ! gente Gabrielle
Dites-moi qui vous fit si belle ?
Tant et tant que soyeux pourepoint,
Satin, velours n’atteignent point
Le velouté de ta figure,
Son parfum, sa blancheur : sois franche, l’on m’assure
Que ma mignonne doit sa peau
Si fine ! au doux Savon des Princes du Congo.

Paru le 4 décembre 1886 dans Le Monde illustré.

Notes :

Portrait présumé de Gabrielle d’Estrées et une de ses sœurs la duchesse de Villars, Ecole de Fontainebleau, fin XVIe s. © Archives Alinari, Florence, Dist. RMN – Grand Palais / Nicolo Orsi Battaglini.

La grande popularité du roi Henri IV tenait aussi au fait qu’il aurait été poète. En 1827, l’éditeur Panckoucke publiait Henri IV, poète, constitué des trois seuls poèmes alors connus. Bien d’autres vers ont pu lui être faussement attribués. Ainsi, Eugène Jung, dans sa thèse Henri IV écrivain (Treuttel et Würtz, 1855, p. 5), déclare-t-il : « Le plaisir de donner aux Muses un serviteur couronné, l’idée que les vers d’un roi honorent la poésie ont sacré Henri IV poète : on a voulu le doter de toutes les qualités […] Dès que Henri IV était poète, il n’en coûtait rien de lui faire tout un bagage poétique ».
Si Henri IV n’a sans doute pas écrit tous les vers qu’on lui a attribués, il est en plus probable que pour certains de ceux qu’il a vraiment envoyés, il ait été aidé par des poètes amis, tels Bertaut. Ainsi, que signifie la précision du roi, quant à quelques-uns de ses vers, qu’ils les auraient « dictés, non arrangés » ?
Ces « vers inédits » paraissent pasticher le début de sa chanson adressée à Gabrielle d’Estrées : « Charmante Gabrielle… ». Ils sont certainement inspirés par la série de tableaux représentant Gabrielle d’Estrées au bain.
« Palsambleu ! » doit faire référence à la passion des jurons du roi Henri IV : il était friand de « Ventre saint gris » et de « Jarnidieu » qu’il aurait transformé en « Jarnicoton », sous le conseil de son confesseur, nommé Coton.
L’orthographe « pourepoint » pourrait être une licence poétique afin d’avoir le bon nombre de syllabes, mais ce vers en présente une de trop…

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