DE DUMANET
J’n’ai qu’un sou l’jour, j’suis militaire,
Mais à ma payse pour plaire,
Pour parfumer ses mains et lui neiger la peau,
Pour ma bourse, un savon, morbleu ! fait mon affaire
Vous le connaissez tous, c’est l’Savon du Congo.
Paru le 20 décembre 1886 dans Le Petit Parisien ;
le 10 janvier 1887 dans Le Petit Troyen.
Notes :
Dumanet, quatrième carte du Jeu des Grotesques, 1850. © Bibliothèque Nationale de France
Dumanet est un soldat imaginaire, personnifiant dans l’armée la jeunesse, l’inexpérience et la naïveté. Apparu pour la première fois dans La Cocarde tricolore, épisode de la guerre d’Alger, vaudeville des frères Cogniard, représenté en 1831, aux côtés de son camarade Chauvin, dont le nom passera lui aussi dans le langage populaire, il y est un jeune soldat à qui l’on fait croire les bourdes les plus invraisemblables. On le retrouve tout au long du siècle dans d’autres vaudevilles, dans la presse satirique et jusque dans la poésie (par exemple dans « L’éclatante victoire de Sarrebrück », de Rimbaud, ou dans « Idylle », de Laforgue).
Dans notre poème, le style oral populaire rappelle celui du colonel Ramollot, figure grotesque inventée par Charles Leroy en 1883.